UN REGARD AILLEURS


L'huile est lente à sécher comme est le souffle de celui qui attend, et est distrait par les formes et les couleurs qu'elle donne à la toile.

Une certaine nostalgie qui n'est pas celle de jadis mais qui se dévoile dans l'impatience du mouvement des jambes. Le temps de l'attente change la mémoire en réalité, et se perd dans le détail du souvenir.

De sorte que le regard met en jeu les ailleurs possibles, unions presqu'impensables si seulement nous n'avions pas eu le temps de les imaginer. Au lieu de cela, elle a dû ouvrir le parapluie pour montrer le soleil, elle a marché au bord de la mer pour embrasser le bleu, en se tenant à l'écart, sans rien laisser paraître à celui qui regarde et attend calmement que séche l'autre partie d'elle même.

Michelangelo Coviello 2014

 
     
 

UNE SILENCIEUSE EXTASE

"LES PAYSAGES DE GIANNA BUCELLI"

Se trouver dans les bras d’un temps suspendu. Visité, connu et habité.

Se trouver, donc, dans un paysage qui nous rachète d’une nature aliénante.

Glacialement touchant, il vis dans le regard et se montre aux nos sens comme s’il fut – en paraphrasant Simmel – une promesse de conciliation et fin d’un fragment.

"Comme une artiste au dehors du temps – elle raconte la Bucelli – je cherche encore la beauté des choses dans le monde, dans la nature, dans les objets, leur sacrée beauté. Exalter la beauté pas seulement pour l’esthétisme, mais pour l’élever de la matière suspendant –là dans le temps".

Comprendre la nature d’un espace c’est rien de couru, mais bien une vital nouvelle figure d’un présent dense de liens affectif, d’une familiarité que nous pousse "au dehors".

C’est une transition qu’il émerge d’une simple conditions de vie. Comme s’il était un spectacle théâtrale, ces toiles peintes capturent les yeux dans une continuité scénographique et la Bucelli organise son espace de scène encadrant le par ample coulisses visuel.

Et voilà que, avec sa peinture, Gianna Bucelli touche le paysage. Elle tresse-le en silence entre ces plans argentées ou dorées d’un ciel intimement pensé et, à travers d’un ordre secret, laisse émerger un point sensible que, dans une subtile ambiguïté onirique, nous dégage dans une silencieuse extase.

Antonio Locafaro 2012

 
     
 

3 MOMENTS

(IDENTITÉ CACHÉE, DE LA TERRE À LA LUNE, HORS DU CŒUR)

Trois parcours artistiques dérivés de trois des thèmes les plus représentés au cours de toute l'histoire de l'art, conjugués à travers un style pictural jamais banal et totalement personnel qui tend à se renouveler en cherchant de nouvelles voies dans une quête continue et vitale.


Un portrait, un paysage, une nature morte. Gianna Bucelli utilise des sujets classiques pour nous communiquer un message très contemporain: Au milieu de la beauté du monde, de la nature, des objets qu' elle représente par des teintes chromatiques hautes en couleurs, l'homme perd complètement ses références et se sent dépaysé, différent, hors du temps, incapable d'exprimer son intériorité ou de manifester simplement sa présence.


L'artiste nous dévoile alors trois jeunes filles de dos, masquées, qui se refusent au monde et aux autres d'une manière plaisante; ou peut être un dialogue rapproché à travers le regard entre un garçon et une fille, mais les yeux sont bandés pour souligner ainsi le manque de lien et de communication avec l'extérieur et les autres. Que dire de la grande marine où terre mer et ciel, constituant les éléments du cosmos, dominent annulent dissolvent par leur grandeur et leur majesté la présence de l'homme dans le monde.


Nous arrivons enfin aux natures mortes extrêmement hautes en couleurs et symboliques (fonds dorés et argentés) qui représentent de nouveau des métaphores de la condition humaine. Devant la beauté des compositions harmonieuses et plaisantes au regard, l'oeil est en un même temps troublé et fasciné par ce fruit mis à l'écart, hors du choeur, comme illuminé ou peut être mis dans l'ombre frappé d'un faisceau de lumière argentée froide alors que les autres fruits restent sous une lumière dorée chaude et restauratrice. Le fruit solitaire mis en marge devient alors le symbole du froid intérieur de l'homme de sa solitude et de son incommunicabilité avec ses semblables et avec le vacarme du monde insaisissable et incompréhensible.
Mais dans tout cela on ne ressent pas le poids des messages, au contraire tout est exprimé en une légère candeur et une douceur dans une attitude qui conjugue la recherche sur les couleurs et la technique avec la conscience que l'art est aussi toucher et travailler des matières rustiques comme la jute et le fer. C'est un art avec un côté tendre et raffiné presque volatile caractérisé par l'utilisation du platre et de la feuille d'or et d'un trait extrêmement délicat; il a aussi un côté physique fortement lié à la terre et au sens du toucher caractérisé par l'utilisation de matériaux grossiers comme le fer et la jute provenant de l'art pauvre. De ce point de vue c'est une peinture très matérielle.


Peut être le message final de nature plus intime que veut nous suggérer l'artiste est que le mystère du monde et du cosmos est ici sur la terre dans sa beauté et son caractère indéchiffrable. Il doit suffire à l'homme d'admirer toute la beauté du monde. Il n’y a pas une percée par laquelle s’échapper pour comprendre le sens ultime de la vie, nous sommes des créatures de passage et le sens ultime de la vie ne peut se trouver que dans un même passage à travers le temps.

Lorenzo Campinoti 2010

 
     
 

MON JARDIN

Ce que l'artiste veut nous communiquer c'est la beauté des choses....Leur réalité sacrée.
Et c'est à partir de là que nous tous devons commencer...

Célébrer la beauté, non par pur esthétisme, mais pour l'élever de la matière en la suspendant au fil du temps, afin que son idylle pour la nature se dévoile étape aprés étape, tableau aprés tableau. Pour un itinéraire, où "seulement celui qui sait regarder" peut prendre l'essence du mystère qui imprègne toutes choses: celles dévoilées et celles à découvrir. Ses sujets nous indiquent le chemin d'accès pour "vivre au delà", mais uniquement aprés nous être arretés attentivement sur les mêmes; pour un coup d'œil qui peut sembler fugitif et utopique entre la vision et le rêve, mais qui ensuite se révèle profondement charnel, doucement tactile.

Roses, tournesol, perroquets, visages...tous ces habiles agrandissements picturaux sont, par le biais de fond d'or mis en relief, extrapolés de leur contexte, pour être placés dans un "non lieu" hors de l'espace et du temps: le pont en premier plan , entre la rétine et le cœur...notre intime perception.
La peintre recherche ici la fusion entre une délicate peinture figurative et une matière brute, la synthèse dualiste de double essence entre les sentiments et la raison. Une union de contrastes qui parlent entre eux.

Voici ... C'est le "jardin secret" de Gianna Bucelli, "son jardin".
Où l'inconnaisable charme descend des doigts d'un artiste pour se poser sur la matière et la chair devient esprit rêveur .... Et si elle "brode" la jute pour nos yeux, c'est pour nous révèler le "sens qui manque", l'amour optimiste, le tout dans un pétale de rose...

Corrado Garofoli 2008

 
     
 

VIES

"MATIÈRE EN FORMES DE VIES PARALLELES"

Rond avec papier argenté et bitumé avec au premier plan un mérou tropical qui observe notre "aquarium quotidien".

Rond peint et platré se transforme en "gothique tardif" avec utilisation de la feuille d'or que reléve au premier plan les tons bruns de la tête du cheval, nouvelle « méduse neocaravaggesca ».

Tableau prédelle avec au premier plan coupe photographique d'une ultracenteneria "Stella Lucente" qui semble se démêler avec nonchalance entre les rides et les filandres de l'existence qui se matérialisent dans le fond par une plaque de cuivre.

Tableau avec un fond de filet métallique ennoblit par une feuille d'argent pour un grand-père ultracentenario "Fiore d'argento" placé dans une sorte de non lieu, icône d'un vieillard authentique, dans une société qui ne veut plus vieillir naturellement, dont les rides nous racontent ses "sept vies" qui s'entrecroisent dans la toile métallique du fond.

Palettes carrées débordantes de matiéres composées de grumeaux de peinture en forme d'éruption de lave qui se développent en créant des premiers plans de "Nature vive".

Gianna Bucelli, dans ses œuvres apparemment différentes, met en evidence une recherche passionnée et rigoureuse toute personnelle libre de clin d'œil, recherche libre ou imitations de tendance, qui s' exalte à la recherche d'une synthèse titanesque entre peinture matérique et peinture naturaliste avec connotation hyperréaliste. Hyperréalisme décliné avec un langage pictural "doux" et "poétique", qui est enraciné dans l'atmosphère du noble art figuratif antique florentin et qui ne craint pas la contamination avec la recherche des nouvelles puissances expressives des matériaux de l'art pauvre contemporain. Au contraire elle le conjugue.

Vincenzo Giacchi 2006